Du Québec à l'ouest : un autre Canada

Dans cet article, Claire Marrec, coach carrière notamment en province anglophone pour Canada Explorers, nous partage son expérience concernant sa vie au Québec puis en Alberta.

4/7/2025

Du Québec à l’ouest : un autre Canada.

Depuis quelques années, les politiques d’immigration du Québec se durcissent, rendant plus complexe un projet d’expatriation dans la province. Face à cette réalité, de plus en plus de personnes regardent vers l’Ouest.

En effet, les provinces anglophones, deviennent des alternatives pertinentes pour celles et ceux qui souhaitent s’installer durablement au Canada.

C’est dans ce contexte que j’ai moi-même fait le choix de quitter le Québec après 2 ans passés à Montréal, pour m’installer à Calgary, en Alberta. Sur la dernière année de mon PVT, alors que le CSQ venait de passer à 2 ans également), j’ai dû me demander comment je souhaitais obtenir ma résidence permanente. Une opportunité s’est présentée avec mon partenaire et nous sommes donc partis sur un roadtrip de 15 jours jusqu’à Calgary pour explorer ce pays gigantesque. (il faut compter 36 heures de route pour y aller depuis Montréal et 3.500 km).

Ça n’a pas été un énorme revirement de parcours, mais plutôt un retour à mon plan initial car j’avais toujours été attirée par l’Alberta. Ses paysages, son ouverture vers l’anglais, la proximité avec la faune sauvage… La rigidité du processus de sélection québécois m'a poussée à réévaluer mes options. Aujourd’hui, j’ai pu recevoir ma résidence permanente grâce à l’entrée express et à son soutien pour les francophones et francophiles.

De Montréal à Calgary : 2 réalités.

Montréal a été ma porte d’entrée au Canada en 2021. J’y ai découvert une communauté francophone accueillante, un environnement professionnel enrichissant et une vie urbaine pleine d’activités. Cependant, sur le plan culturel, j’ai senti des similitudes avec la mentalité française très directe. La forte présence de l’immigration française, combinée à l’héritage historique avec la France, m’a parfois ramenée à des points que j’avais justement choisis de quitter en venant au Canada.

Ce contraste est devenu d’autant plus frappant à mon arrivée en Alberta car la mentalité y est très différente. Les gens y sont plus ouverts, expriment les choses avec simplicité et une forme de bienveillance sincère. La France y est perçue de manière positive, et je n’y ai jamais ressenti d’hostilité liée à mon origine; une expérience différente de celle que j’ai parfois vécue au Québec ou j’ai malheureusement déjà vécu du racisme.

Ce qui m’a aussi marquée, c’est également la perception de l’Alberta au Québec : j’ai entendu beaucoup de critiques ou de préjugés à l’égard de cette province. Or, après deux ans passés en Alberta, je n’ai jamais entendu de discours négatifs sur le Québec de la part des Albertains. Ce contraste m’a marquée et a renforcé mon envie de mieux faire connaître la réalité de l’Ouest canadien francophone.

S’adapter à un nouveau système canadien

Changer de province au Canada, c’est un peu comme changer d’État aux États-Unis. Chaque province a ses propres règles, ses propres normes professionnelles (comme l’Ordre des ingénieurs; OIQ au Québec et APEGA en Alberta), ses systèmes d’éducation, de santé et ses stratégies économiques. Ce n’est pas un simple déménagement, c’est une seconde immigration. C’est d’ailleurs pour cela que je suis contactée comme coach carrière par des québécois qui veulent venir en Alberta.

L’Alberta, avec sa taxe unique de 5 %, peut sembler avantageuse financièrement. Pourtant, certains coûts sont plus élevés, notamment liés aux aléas climatiques avec la météo peut avoir sur la vie quotidienne (grêle, feux de forêt,...)

Côté emploi, Calgary et Edmonton offrent de nombreuses opportunités, même si, comme à Montréal, le chômage a augmenté ces derniers temps. Ici, l’accent est davantage mis sur le réseautage, et c’est d’ailleurs ce qui m’a permis de décrocher mon poste actuel de Career Advisor, puis de lancer mon entreprise d’accompagnement des francophones au Canada.

Entrepreneuriat et communauté francophone

L’Alberta fait partie des provinces les plus dynamiques en matière d’entrepreneuriat. La culture d’entreprise y est forte, et les structures d’accompagnement pour les francophones se développent. Parallèles Alberta, par exemple, soutient les projets d’entreprises portés par des francophones. En Ontario, SEO (Société économique de l’ontario) accompagne également les francophones de la province, prouvant ainsi l’objectif clair du fédéral à soutenir cette communauté.

Sur le plan communautaire, j’ai été agréablement surprise par la richesse du tissu associatif francophone. De nombreuses associations (québécoises, sénégalaises, camerounaises, françaises,...) organisent des événements, des ateliers, et facilitent l’intégration. C’est un environnement où le tissage de lien est facilité, autant pour les nouveaux arrivants que pour les Canadiens d’origine.

L’anglais : une barrière, qui se surmonte

Beaucoup hésitent à choisir une autre province que le Québec à cause de l’anglais. Pourtant, cette barrière linguistique est bien plus souple qu’on ne l’imagine. Des programmes gratuits, financés par le gouvernement, existent pour aider les nouveaux arrivants à améliorer leur anglais. Pour les enfants, l’adaptation est souvent plus rapide contrairement aux adultes qui sont plus limités avec leur peurs ou croyances avec la langue.

Apprendre l’anglais, est aussi un levier pour accéder à un marché de l’emploi plus large et à des expériences professionnelles valorisantes. Personnellement, cette immersion linguistique a été un moteur d’évolution exponentielle pour ma carrière.

Réfléchir à son projet d'expatriation

Au final, avant de choisir sa province d’arrivée, il est essentiel de se poser les bonnes questions :

  • Qu’est-ce que je cherche au Canada ? Pour quelles raisons est-ce que je veux y aller ?
  • Est-ce que le Québec est la seule province qui serait alignée avec mes aspirations?
  • Qu’est-ce que je suis prêt(e) à apprendre, à vivre, à adapter dans mon parcours ?
  • Si les provinces anglophones me font peur, qu’est ce que je pourrais mettre en place pour me rassurer?

Mon conseil est simple : ne limitez pas votre vision du Canada à une seule province. Sortez du Québec, explorez l’Ouest, le Nouveau-Brunswick ou la Colombie-britannique. Il y a autant de façons d’être francophone au Canada qu’il y a de provinces. Et parfois, c’est en allant plus loin qu’on se rapproche le plus de soi-même et que l’on vit la vraie expérience canadienne